Bonjour,
Le centre des Marmettes, centre d'hébergement et d'ateliers protégés pour personnes sourdes-aveugle, se situe à Monthey, un peu au sud de la pointe est du lac Léman.
chrysnisah a écrit:
- Citation :
- Ma puce a aussi une insuffisance rénale, elle est en attente d'une greffe de rein depuis un an et est en dialyse péritonéale également à la maison.
Courage à elle, l'attente peut être longue...
Comment vit-elle sa dialyse? comment s'occupe-t-elle durant les neuf heures branchée à la machine? elle accepte facilement de ne pas pouvoir faire de sorties le soir?
Je me rappelle de la première année où Carlos avais sa dialyse... C'était en 2006.
Lors du camp d'été, il y a eu une séance bowling, un soir, et Carlos n'a pas pu y aller parce qu'il devait faire sa dialyse (le lendemain on se levait pas trop tard (je ne dis pas tôt car pour moi tôt c'est 3h du matin, à partir de 5h, c'est l'heure de se lever)).
Ca a été la crise...
Il était furieux, il envoyait tout balader, on a essayé de lui changer les idées avec une partie de uno, il balançait les cartes, donnait des coups un peu partout... Je crois qu'à un moment j'ai même eu peur qu'il me tape dessus!
IL ne démordait pas de l'idée du bowling... Il est allé jusqu'à pleurer... (Un Homme! 24 ans! il en est venu à pleurer...) Il a fallu que je le prenne limite dans les bras pour qu'il cesse de pleurer, puis je l'ai accompagné jusqu'à sa chambre (sans ça, c'était refus catégorique d'y aller.). Tout juste si je ne l'ai pas porté.... Il semblait presque retomber en enfance...
Et encore cette année.
Il y a eu une soirée pour aller voir une course de chevaux, Carlos ne pouvait pas y aller pour la même raison que le bowling, il y a trois ans.
Et moi j'avais envie d'y aller, (pour le bowling, la question ne s'était pas posée car je n'avais pas envie d'y aller) mon accompagnante m'a fait partir discrètement pour qu'il ne me voit pas partir et ne fasse pas de crise. Puis elle est partie voir si Carlos n'essayait pas de nous suivre et est revenue car un éducateur aurait voulu que je renonce à la course pour rester avec Carlos.
J'avais vraiment envie d'aller à la course, donc j'ai dit "non", mais après j'ai un peu culpabilisé: est-ce que ce n'était pas abandonner Carlos que de faire ça, au moment où il avait besoin d'aide, en plus? Est-ce que je n'aurais pas du renoncer à un plaisir pour rester avec lui et le soutenir? est-ce bien de ma part de faire ça?
On est repartis en direction de la course, les accompagnants en grand débat sur le thème "est-ce que l'on peut m'interdire de faire une activité sous prétexte que Carlos fait sa crise?"
En plus, au final, beaucoup d'émotions pour rien: on est arrivés trop tard, la course était finie!
Au retour au camp, j'ai pris les nouvelles: ouf, Carlos n'avait pas fait de crise, ça s'était à peu près bien passé! Juste un peu dur pour le faire aller se coucher!!
Peu après, alors que je commençais à me préparer pour aller me coucher, mon accompagnante a frappé à ma porte pour me demander s'il était possible que j'aille voir Carlos (dans sa chambre) car il pleurait. J'y suis allée, je n'allais quand même pas le laisser pleurer!
Il croyait que j'avais vraiment quitté le camp, en plus je ne lui avais pas dis au revoir, c'est pour ça qu'il a commencé à pleurer et qu'il n'était pas bien.
Après que je soit restée un instant avec lui, il s'est apaisé.
Voila, quand je vois ce que c'est déjà pour un adulte, j'ose à peine imaginer ce que ça doit être pour un enfant....
Et j'ai toujours aujourd'hui cette question latente et culpabilisante:
que faire dans un cas comme celui de cette année où j'ai envie de faire une activité et Carlos, ne pouvant pas à cause de sa dialyse, fait une crise à cause de ça?
Faire l'activité et l'abandonner à son sort en le privant de mon soutien?
Me priver moi, quitte à le regretter après et peut-être lui en vouloir?
Je culpabilise toujours un peu, je n'ai pas encore osé en parler à mes parents....
je pense quand-même que ce n'est pas une trahison vis-à-vis de Carlos?